Alors que le cinéma de Tim Burton connaît de nouveau une mise en lumière populaire avec la sortie de son vingtième long métrage Beetlejuice Beetlejuice ainsi que la fin de tournage de la deuxième saison de Mercredi prévue cette année sur Netflix, Danny Elfman, son compositeur attitré nous offre de nouveau un concert le 15 décembre 2024, cette fois-ci au Zénith, pour de nouveau jouer ses compositions phares de cet univers !
Le retour Parisien !
Cela faisait 5 ans que le compositeur américain Danny Elfman n’avait pas posé ses instruments dans la capitale française. En effet, son dernier concert en France remontait à septembre 2019, où l’artiste compositeur et interprète avait donné vie à ses compositions burtonniennes à la Philharmonie de Paris. Le voilà donc de retour, cette fois-ci aux Zénith de Paris, pour un nouveau concert, remplit de surprises, dont sa reprise culte de la chanson d’Oogie Boogie en hommage à Ken Page, mais également pour la première fois le thème principale de la série à succès portée par Jenna Ortega: Mercredi, remplaçant ainsi le thème de La Planète des Singes.
Pour cette occasion unique, ce dernier s’entoure d’une fine équipe qui a largement prouvée tout son talent. On retrouve évidemment en chef d’orchestre le majestueux John Mauceri, ami d’Elfman depuis la première du concert à Londres en 2013, et qui nous fait l’honneur d’accompagner ce dernier au chant également, et en français, pour notre plus grand plaisir. On retrouve également la violoniste extravagante Sandy Cameron lors de son interprétation énergétique d’un des thèmes cultes d’Edward aux Mains d’Argent. Un beau monde donc pour un moment magique de plus de 2h.
Mise en lumière d’un duo iconique
En 1982, sa toute première composition pour le film Forbidden Zone de son frère Richard Elfman, se fait remarquer par l’acteur et producteur Paul Reubens, qui en parle alors immédiatement à son nouveau réalisateur, le tout jeune Tim Burton, alors déjà amateur du groupe de rock « Oingo Boingo » créé par la fratrie Elfman. Se découvrant rapidement des références et plaisirs communs, Burton propose à Elfman de s’occuper de la bande sonore de son premier film, Pee Wee Big Adventure (1984). Cette rencontre marquera le début d’une des collaborations les plus cultes du cinéma modernes, les plus prolifiques et qui dure aujourd’hui depuis plus de trente ans. Trente années pendant lesquelles les deux artistes ont forgé un univers commun, au point que les deux deviennent indissociables. Certaines compositions d’Elfman sont même devenues aussi cultes que le film qu’il accompagne.
Et ce sont ces nombreuses années d’or que le concert vise à raconter. Mettre en lumière une collaboration unique de deux univers presque similaires composant ensemble l’un des cinémas les plus marquants de ces dernières années. Composé de deux actes distincts, les équipes françaises d’« Overlook Events » nous trace une ligne rouge non chronologique pour voguer aux travers des thèmes les plus cultes de cet artiste. Nous pouvons citer, dans l’ordre de leur représentation :
ACT I
- Charlie et la Chocolaterie (2005)
- Pee Wee Big Adventure (1984)
- Beetlejuice (1988 )
- Sleepy Hollow (1999)
- Mars Attacks! (1996)
- Big Fish (2003)
- Batman (1989)/ Batman Le Défi (1992)
ACT II
- Mercredi (2022)
- Les Noces Funèbres (2005)
- Dark Shadows (2012)
- Frankenweenie (2012)
- L’étrange Noël de Monsieur Jack (1993)
- Edward aux Mains d’Argent (1990)
Et enfin pour terminer: le thème principal d’Alice aux Pays des Merveilles (2010) ainsi que la reprise de la chanson d’Oogie Boogie.
Un beau programme donc, accompagné d’extraits des films en question mais également de divers concepts artistiques dessinés par Tim Burton en personne lors de la préparation de ses longs métrages. Tout une mise en scène colorée, et énergétique, au service de ce duo iconique. Mais alors, la promesse est-elle tenue ?
Un concert similaire mais tout aussi efficace
Une personne ayant déjà assisté au tout premier concert en 2015 pourrait se dire, à juste titre, que de nombreuses similitudes se retrouvent dans ce nouvel évènement musicale. Même mise en scène, dans le même ordre. La reprise des extraits ainsi que des dessins préparatoires. Et la même charte graphique annoncée. Mais alors, le concert en est-il toujours aussi efficace ?
Et bien notre réponse serait plutôt positive. Pour plusieurs raisons. La première notable serait une question générationnelle. L’une des puissances du cinéma de Burton, et donc avec lui des compositions d’Elfman, est sa capacité à traverser les générations sans perdre de son succès. La nouvelle génération, ayant plutôt grandit dans les dernières œuvres contemporaines du duo, continuent de perpétuer les œuvres des anciennes années, et ainsi leur aspect culte. Et c’est une chose assez frappante. De voir une jeune génération, habillée plutôt en Mercredi Addams, accompagnée par leurs parents au motif de Beetlejuice. Un papa Edward, avec ses mains d’argent, accompagnant son jeune fils habillé en Jack, connaissant déjà fièrement la moitié des chansons par cœur. Parce que oui, c’est cela l’une des forces motrices de ce cinéma, sa capacité à parler de sujets humanistes qui peuvent alors toucher plusieurs générations de marginaux, ou d’anciens marginaux. Au final, ce concert est à l’image de tout un art, un transfert générationnel, permettant aux anciens de découvrir les nouvelles œuvres et inversement.
La deuxième raison de ce succès s’expliquerait par Elfman en personne. Sa présence, son aura, une fois arrivé sur scène nous délivre un show personnel unique. Elfman, habitué au concert, et incarnant pleinement son personnage, joue sur scène, grimace, rigole, imite, et nous offre avec malice une véritable interprétation « live action » de Jack et de son univers en général. On se laisse porter totalement pour plonger dans cet océan musical.
En conclusion, on se laisse bercer, avec bonheur et innocence au coeur de l’un des piliers de la magie du cinéma de Tim Burton, à savoir sa bande sonore, émerveillé par la malice et la force de son interprète principal, Danny Elfman.
Compte-rendu de Hugo Peretti, relecture par Loïc
Photos: Tim-Burton.net