Tim Burton a, à ce jour et d’après nos connaissances, réalisé 2 publicités et 3 clips.
Les voici…
I. Publicités
Hollywood Gnome (1998)
- Réalisé en 1998 par Tim Burton pour Hollywood Chewing Gum, produite par la Hamster Production sur un concept de l’Euro RSCC BETC.
- Cette pub, très imprégnée du style “burtonien” (lumières sombres et bleutées, forêt au style fantastique, chat noir…) met en scène un nain de jardin qui mange un chewing-gum avant de s’enfuir en pleine nuit dans la forêt et de plonger aux côtés d’une charmante jeune femme en train de se baigner. Remarquez que comme dans Vincent, la foule dans laquelle le nain passe devant le cinéma est coupée raz des cuisses, ce qui était également très utilisé dans les anciens cartoons.
- Tim Burton a utilisé pour ce spot des petites figurines hautes de 76 centimètres qu’il filma image par image, selon les mouvements d’un comédien sur lequel on avait placé des capteurs. Le tout fut incrusté dans les décors filmés auparavant.
La production de ce petit film prit 3 mois.
Timex (1999)
Ces pubs qu’a réalisées Burton pour Timex I-control sont graphiquement superbes. Tournées à Prague, de nuit, on y retrouve (comme souvent) les thèmes favoris de Tim : les spots sont sombres, on aperçoit de temps en temps la pleine lune, les persos portent du cuir et des griffes en fer, les petites ruelles sont mouillées et brumeuses.
Bref, belles et énigmatiques (voyez le passage ou tous les mannequins sont alignés dans le second spot), ces pubs sont vraiment pas mauvaises quand on sait que c’est pour vendre des montres.
Notez aussi que Timex proposa sur son site à l’époque de la sortie des 2 publicités, des “I-control digital trading cards”, qui sont donc des cartes à collectionner reprenant les héros des pubs. Timex apporta un soin particulier à la réalisation de ses cartes -très design d’ailleurs- : elle ne furent pas réalisées à partir des films de Tim Burton mais indépendament, les concepteurs des cartes ayant accès aux lieux de tournages et aux acteurs pour les réaliser.
Le résultat des énormes moyens déployés par Timex fit de la I-control un best-seller quelques semaines après le lancement de la campagne.
Kung Fu
- Réalisé en 1999 par Tim Burton pour Timex
- St3ve (oui, vous avez bien lu, St3ve), notre héros, est poursuivi par une horde d’affreux garnements qui en veulent probablement à sa vie. Pour se sortir du pétrin, il règle et dérègle les montres de ses adversaires pour les distraire avant de leur porter un coup, souvent, bien fatal.
- A noter le petit (enfin, pas si petit que ça) clin d’oeil à Matrix… Notre héros ressemble étrangement à Keanu Reeves et sa stratégie d’attaque aussi…
Mannequin
- Réalisé en 1999 par Tim Burton pour Timex
- Le méchant Dava est à la poursuite de Elanor Zepp (Lisa Marie, épouse de Tim Burton). Utilisant son intelligence et, bien sûr, les formidables montres I-control, elle va en venir à bout…
- Deux trois trouvailles sont assez marrantes dans ce clip; par exemple quand Elanor se couche dans la flaque pour se cacher ou qu’elle utilise des paupières maquillées pour se camoufler dans les mannequins… Pas mal !
II. Clips
Tim Burton a réalisé trois clips à ce jour; “Bones” et “Here with Me” du groupe The Killers et “Blind Kings” du groupe Chelsea Grin:
“Bones”(The Killers)
Ce sont les Killers qui y pensèrent, en songeant à la réalisation d’un clip pour leur chanson Bones :
Nous en étions seulement à lancer des idées en l’air pour le vidéoclip de Bones, et nous avons pensé: ne serait-ce pas merveilleux si Tim Burton pouvait réaliser ce clip? Nous sommes donc entrés en communication avec les gens de son équipe et il nous a laissé savoir qu’il voulait travailler avec nous, ce qui est incroyable !1
Ils contactèrent son équipe et, à leur heureuse surprise, Tim Burton déclara vouloir travailler avec eux !
Tim Burton filma les Killers en concert le 17 et 18 août 2006. Un gros travail de post-production suivit le tournage, sans que le groupe ne sache exactement à quoi s’attendre… Mais laisse Tim Burton travailler comme il l’entend !
“C’est Tim Burton. Ça va être bien. Il y a des squelettes, un peu de noirceur et un peu de romance… Que vouloir de plus ?” a déclaré le guitariste Mark Stroermer
“Here With Me” (The Killers)
Il s’agit là du second clip tourné par Burton pour The Killers après celui de “Bones” en 2006. A nouveau, il sort le grand jeu et imprime de manière forte son identité visuelle sur sa réalisation. Spirales, rayures, têtes de mort… Tout y est, de manière forte et insistante. On sent qu’il faut que “ça fasse Burton”. Mais ce qui dans un film semblerait être manièrisme et boursoufflure passe parfaitement dans un clip, et c’est bien là toute la différence ! Un clip offre la possibilité, voire oblige, du fait de son format court et de sa narration spécifique, de mettre en avant un univers visuel fort. Il s’agit, en quelques minutes, d’imposer une marque visuelle à une chanson, et à ce jeu là, Burton, en tant que réalisateur graphique, excelle !
Les images fortes sont nombreuses et sont servies par un scénario fort sympathique, quoique tirant peut-être un peu en longueur du fait de sa simplicité apparente et de son motif répétitif, clip oblige (n’est pas John Landis et Michael Jackson qui veut !). Petit bémol peut-être, mais là encore lié à la forme même du clip : la présence un peu envahissante du groupe qui vient interrompre, au début notamment, la progression narrative. Mais ô combien de bonnes idées, d’images marquantes ?
Le duo Craig Roberts/Winona Ryder fonctionne très bien, le postulat de base du fan enlevant sa star bien aimée sous forme de poupée étant très touchant et sa conclusion superbe, tant graphiquement que thématiquement. Petit détail : Burton semble avoir un besoin viscéral d’avoir sa blonde évanescente. Il s’agit ici de la seconde fois qu’il grime Winona Ryder en blonde, après son rôle de Kim dans Edward aux Mains d’Argent. Impossible de ne pas y penser, bien évidemment ! Ajoutez à cela de multiples petits rappels visuels tout au long du clip qui viennent construire une histoire plus complexe qu’il n’y parrait au premier abord.
Burton en tant qu’artiste graphique est ici dans son élément. Il n’a pas perdu la patte et nous y trouvons tous nos repères. Peut-être un peu trop diraient certains ?
Images :
“Blind Kings” (Chelsea Grin)
- a déclaré le guitariste Mark Stroermer [↩]