C’est à 20h30 que Tim Burton, fraîchement arrivé de Londres, entre dans la salle où vient d’être projeté en avant-première Frankenweenie, son dernier film d’animation en noir et blanc et en 3D. Celui-ci est tiré de son premier court-métrage live du même nom que Burton a réalisé en 1984 lorsqu’il était encore animateur chez Disney.
Dans la même soirée, Burton a inauguré l’exposition dédiée au film située sous le dôme des Quatre Temps et a présenté l’avant-première publique avant de se prêter bien volontiers aux questions du public de la master-class menée par Harold Manning.
Bonne lecture !
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Tim Burton était tellement mauvais en animation chez Disney que les studios lui ont laissé la possibilité de réaliser son propre court-métrage tourné en prises de vues réelles, ce qui était au final, très intéressant pour lui.
Au fil des années, Burton a pu repenser à cette histoire basée sur ses propres souvenirs, son chien, ses camarades de classe, ses professeurs bizarres etc… L’opportunité de porter cette histoire en animation noir et blanc et en 3D, en faisait un tout nouveau projet à ses yeux.
Lorsque nous sommes jeunes, la relation que nous pouvons avoir avec son chien est très forte : pure et inconditionnelle. C’est pour cette raison que Frankenweenie est un film très important pour Tim Burton car lorsqu’il a réalisé le court-métrage, l’idée de ramener un être cher à la vie était de l’ordre du fantasme, et lui-même voulait être un scientifique fou. Quand il était plus jeune, c’était très important pour lui de créer des “choses” avec sa caméra super 8.
L’esprit scientifique est très présent dans le film et le professeur de Sciences est doublé par Martin Landau dont le jeu est un hommage aux grands comédiens admirés par Burton : Bela Lugosi, Vincent Price, Christopher Lee…
Il essaye toujours d’inclure dans ses films ce qui l’inspire le plus, c’est pour cela qu’il développe de longues relations avec ses comédiens et ses collaborateurs mais pour Frankenweenie, il a directement inclus dans le film en stop-motion, un passage live de Christopher Lee dans son personnage de Dracula. Toutes ces références l’ont été dans la façon de faire ses propres films.
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Tim Burton a grandi à Burbank qui se trouve juste à côté d’Hollywood mais cette banlieue de Los Angeles n’a pas changé depuis, comme si elle était sous une bulle. À l’époque, il était impossible de savoir que les plus grosses maisons de production telles que Disney, Warner Bros et Universal se trouvaient juste à côté de chez lui tellement le quartier était tranquille.
Le père de Burton était un joueur de Baseball qui n’a jamais eu l’opportunité d’accomplir son rêve en tant que professionnel puisqu’il travaillait dans une agence de voyage à Burbank. Son enfance était comme toutes les autres, avec des bons et des mauvais moments dans une famille de classe moyenne.
Les cinémas que préférait Burton à Burbank était le drive-in et un vieux cinéma qui proposait 3 séances d’affilées où vous pouviez voir, pour 50 cents, des films de Godzilla, de la Hammer et autres films d’horreur.
L’exposition du MoMA sur le travail de Tim Burton est passée à Los Angeles il y a peu alors que paradoxalement, lui-même ne s’y est jamais rendu. Le seul musée que Burton ait visité était le Musée de Cire d’Hollywood car sa famille n’était pas très portée sur la culture.
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La parole est maintenant au public :
– Vous avez toujours dit à quel point vous haïssiez les films de Disney et pourtant vous y travaillez toujours…
C’est un malentendu, j’aime les cartoons ! Ce que je n’aimais pas à l’époque, c’était de travailler sur des films comme Rox & Rouky alors que je n’étais pas doué pour ça. Mais j’ai grandi en regardant les films de Disney comme tout le monde et j’ai eu de la chance d’entrer à CalArts où se trouvaient de nombreux artistes de talents. Malheureusement j’ai travaillé chez Disney pendant la mauvaise période de l’industrie de l’animation. C’est probablement de là que vient ce sentiment de frustration.
– Frankenweenie est bourré de références, est-ce qu’on peut le considérer comme un film-bilan qui traduirait une certaine nostalgie de votre part?
Je n’ai jamais réfléchi à ça mais tous les éléments de ce film sont basés sur des souvenirs bien précis. Je fais référence à des films que j’aimais mais aussi à des personnes que j’ai vraiment côtoyées. À l’époque, je trouvais tous les enfants bizarres tout comme le personnage de Weird Girl ou certains professeurs qui étaient vraiment imposants. Même la disposition de la classe ou le voisinage sont liés à ma propre histoire.
– Winona Ryder, qui double Elsa dans Frankenweenie, a aussi joué dans Beetlejuice et Edward Scissorhands. Est-ce que vous aviez sa voix en tête lorsque vous aviez créé le personnage?
Oui car elle semble toujours avoir la voix d’une fille de 10 ans. C’est important pour moi de travailler avec elle, Martin Landau, Martin Short ou encore Catherine O’Hara car ce sont des personnes avec qui j’ai déjà travaillé il y a longtemps et Frankenweenie est un projet très personnel. Les avoir dans ce film signifie beaucoup pour moi.
– Pourquoi avez-vous demandé à quelque uns d’entre eux de doubler plusieurs personnages?
Je me souviens des spectacles que je voyais lorsque j’étais enfant avec des comédiens qui interprétaient plusieurs rôles. Catherine O’Hara et Martin Short sont tellement bons en doublage que j’ai poussé leur créativité en leur donnant 3 personnages chacun, deux adultes et un enfant. C’était très amusant à faire. Pendant les sessions d’enregistrement, ils étaient comme possédés par un démon en passant d’une voix à l’autre. C’était une expérience formidable à regarder.
– Est-ce que vous êtes à l’origine du dessin des personnages et particulièrement la tortue-godzilla?
Oui j’ai dessiné les personnages moi-même lorsque j’ai réalisé le court-métrage d’origine. Pour le film, je me suis donc replongé dans mes dessins de l’époque pour retrouver le même esprit et l’essence de ces personnages. J’ai dessiné certains des personnages bien plus tard mais je n’ai jamais voulu qu’un autre dessinateur travaille dessus à ma place. C’était très important qu’ils restent simples et personnels.
– Vers la même époque, vous aviez réalisé un film pour Disney Channel pratiquement inconnu maintenant : Hansel & Gretel dont l’histoire est introduite par Vincent Price. Les personnages sont asiatiques et le tout est très coloré à l’image du travail du plasticien Bob Wilson…
Je voulais que ça ressemble à Enter The Dragon mais nous n’avions pas assez de budget [rires]. Mais c’était très marrant à faire. C’était l’époque où Disney me donnait l’opportunité de réaliser mes propres court-métrages comme Vincent, Frankenweenie ou Hansel & Gretel. Ce qui m’a permis plus tard de faire The Nightmare Before Christmas.
– Est-ce que vous avez l’impression de revenir chez vous lorsque vous travaillez pour Disney? Comme si vous ne les aviez jamais quittés.
C’est là où j’ai travaillé pour la première fois donc c’est vraiment particulier pour moi. Disney a définitivement une place spéciale dans mon cœur. J’ai réalisé quelques films pour eux et je leur en serai toujours reconnaissant. Ils ont accepté que je réalise Frankenweenie en noir et blanc, ce qui n’est pas un choix facile après tout.
– J’ai l’impression que c’est votre film le plus personnel depuis Big Fish, est-ce que nous pouvons le considérer comme un film autobiographique?
Oui je voulais être un scientifique fou, réaliser des films en Super 8, j’avais la même relation avec mon chien, le cinéma etc… Tout cela vient de mes propres souvenirs donc oui, c’est définitivement l’un de mes films les plus personnels.
– Nous pouvons voir ou entendre Christopher Lee dans la plupart de vos films, est-ce que c’est un running gag, un porte-bonheur ou quelque chose comme ça?
Je ne dirais pas un running gag car je l’adore, il représente beaucoup pour moi. Je le vois régulièrement, il fait encore 4 ou 5 films par an. C’est une personne qui m’a inspiré pour faire des films donc je me sens toujours chanceux de le voir tout comme ça l’a été pour Vincent Price et Ray Harryhausen.
– Est-ce que étant petit, vous vouliez déjà être cinéaste?
Je n’y pensais pas quand j’étais petit mais je faisais des films en Super 8 et je prenais du plaisir à les faire. Même lorsque j’étais animateur chez Disney, je n’avais jamais pensé que devenir réalisateur pouvait être possible. Mais quand j’ai eu la possibilité de le faire, ce fut une incroyable surprise car j’aime créer des choses, que ce soit des dessins ou des films et c’est ce qui est le plus important pour moi.
– On voit bien dans le film que vous vouliez raconter votre enfance, faire de l’animation ou encore un film de monstre mais pourquoi repasser par Frankenweenie au lieu d’inventer quelque chose de nouveau?
Parce que tout cela semble nouveau, comme une version originelle. J’ai repris les anciens dessins et mis en perspective mes souvenirs, notamment grâce à la stop-motion, au noir et blanc et à la 3D. C’était un rêve pour moi et je ne me suis jamais dit que je faisais un remake mais plutôt un nouveau projet. Cela m’a permit de montrer d’avantage l’amour que je porte aux monstres que l’on peut voir dans House of Frankenstein ou Frankenstein Meet the Wolfman.
– Dans Frankenweenie, on retrouve la Fille qui Fixait, un personnage issu de votre recueil de poèmes : La Triste Fin du Petit Enfant Huître. Est-ce qu’on aura la chance de voir d’autres personnages de ce recueil dans vos prochains films?
Non pas nécessairement. Ce qui est important, c’est la façon dont je dessine car c’est toujours la même et les personnages finissent par se ressembler tous les uns aux autres. Je ne peux rien y faire ! Mais Weird Girl est basée sur le souvenir d’une fille de ma classe que je trouvais bizarre.
– Pour le MoMA, vous aviez donné beaucoup de cartons remplis de vos dessins à Rajendra Roy, le curateur de l’exposition. Est-ce que vous êtes quelqu’un qui garde beaucoup ses affaires ou au contraire, qui n’y prête pas attention?
Si vous veniez chez moi, vous verriez à quel point c’est mal rangé. Ils ont juste trouvé tous ces dessins dont j’avais oublié l’existence. Je me sentais en confiance avec les organisateurs de l’exposition qui ont fait un réel travail d’archéologue en cherchant mes dessins sous des piles de vêtements. Ils étaient très respectueux, ils m’ont finalement aidé à ranger ma maison.
– Êtes-vous content de cette exposition et du fait de dévoiler tout votre travail?
C’était très surréaliste car je n’avais jamais imaginé que mon travail soit montré dans de tels endroits. La première fois que j’ai vu l’exposition, je me suis senti vulnérable mais comme je l’ai dit, ils étaient très respectueux alors je les ai laissés faire ce qu’ils pensaient être bien.
– Il y a même une lettre de refus de la part de Disney…
Effectivement et maintenant j’ai pris ma revanche ! [rires]
– À quoi ressemblait le tournage du film Frankenweenie en 3D?
Nous n’avons pas tourné en 3D directement, le film a été converti par la suite. Mais nous avons pris le temps pour cette conversion car j’ai vu les deux procédés et parfois une conversion peut être ratée si elle est vite réalisée. La 3D a son importance ici car si vous allez voir l’exposition de Frankenweenie qui se trouve sous le Dôme des Quatre Temps, vous verrez les marionnettes qui ont servit pour le film. C’est un procédé très tactile et la 3D met en avant le travail de l’artiste derrière chaque animation. La stop-motion est une animation en trois dimensions avec des textures, de la lumière etc… Je ne pense pas que tous les films doivent être en 3D mais pour ce film, c’était important qu’il le soit.
– Quelle est votre couleur préférée? Car je n’en ai vu aucune dans le film.
Oui il n’y a pas de couleurs dans ce film. Mais comme vous pouvez le voir, je m’habille toujours en noir. C’est beaucoup plus facile pour se préparer le matin. Je profites d’une heure de plus le matin comme ça [rires] ! Mais si je devais dire une couleur, je dirais le bleu.
– Pourquoi?
Je n’en sais rien, demandez à mon psy [rires].
– Sparky revient à la vie une fois de plus à la fin du film. Est-ce que l’idée vient de vous ou des Studios Disney?
Beaucoup de personnes pensent que, comme c’est un film Disney, il faut une fin heureuse mais là, ça faisait partie de mon idée de départ. C’est un film fantastique dont le but est la vie et non la mort. Je n’ai jamais été forcé par Disney en tout cas.
– Vous avez dessiné, quand vous étiez plus jeune, une machine représentant Disney qui transformait des petits monstres colorés en cubes identiques. Est-ce que vous aviez peur, après les avoir quitté 10 ans auparavant, que Disney transforme vos idées et votre travail lorsque vous êtes revenu?
Non pas du tout. À l’époque j’étais très frustré car la compagnie était dans une mauvaise période pour l’animation mais c’est totalement différent d’aujourd’hui. Disney a totalement accepté mes choix de l’animation, du noir et blanc et de la 3D, ce qui n’était pas si facile à faire. Ce dessin était une façon de montrer cette frustration, rien de plus.
– Vous partagez beaucoup de similitudes avec le travail de Lewis Carroll, pourquoi avoir attendu tant d’années pour faire votre propre adaptation d’Alice In Wonderland?
Ce n’était pas un projet que j’avais en tête depuis longtemps. Les Studios Disney m’ont proposé ce projet d’adaptation et j’ai accepté. C’est à ce moment là que j’ai commencé à repenser aux anciennes adaptations et au fait qu’aucune d’entre elles ne me correspondait. C’était donc l’occasion pour moi de réaliser ma propre vision du roman. Les personnages sont très connus et en même temps, ils peuvent être interprétés de mille façons différentes donc c’est ce qui m’a motivé.
– Est-ce que vous avez une idée pour un prochain film?
Non parce que lorsque vous avez travaillé si longtemps sur un projet qui est très personnel, il vous faut du temps pour passer à autre chose. Pour l’instant mon esprit est toujours dans Frankenweenie.
– Mais depuis quelques années, vous avez 2 ou 3 projets en même temps…
Oui et c’est pour cela que je suis harassé ! Il faut que j’aille me reposer à l’hôpital pendant quelques mois et voir ce qu’il se passe après [rires].
– Pourquoi vous avez choisi l’animation image par image et le noir et blanc?
Si vous descendez voir l’exposition ensuite, vous verrez à quel point c’est merveilleux et tactile comme technique. C’est comme une poupée, vous pouvez la tenir dans vos mains, vous l’éclairez comme pour de vrais acteurs. Cette technique est utilisée depuis les débuts du cinéma, c’est sentimentale et beau à la fois. Avec toutes les technologies actuelles, c’est une façon pour moi de retourner à l’essentiel et à une simplicité pure.
– Où est Johnny Depp dans ce film? Vu votre relation au fil des années, est-ce que c’est vous qui lui proposez des projets ou c’est l’inverse?
C’est marrant parce que les gens se plaignent lorsque Johnny Depp tourne dans un de mes films et lorsque ça n’est pas le cas, les gens se plaignent aussi. C’est comme si il n’y avait pas de situation parfaite. Mais j’adore travailler avec lui et c’est toujours basé sur un rôle et pas par le fait que c’est un ami. C’est un très bon acteur qui aime prendre des risques et tester des choses nouvelles. C’est un travail qui fonctionne dans les deux sens, il m’apporte autant que je lui apporte.
– Est-ce que votre relation a changé depuis toutes ces années? Car vous l’avez sauvé de la télévision où il était en train de s’enliser en tant qu’acteur pour teenagers.
Non ça n’a pas beaucoup changé, ma première impression sur lui est toujours d’actualité maintenant. Plus on travaille ensemble et plus il est important pour nous de tester de nouvelles choses. On reste des personnes “non verbales”, on ne se parle pas beaucoup car on se comprend instantanément. Quand les gens nous regarde en train de discuter, ils ne comprennent rien mais ça a toujours été le cas.
– Comment s’est passé la transition entre les effets spéciaux de plateau et les effets spéciaux numériques dans le film?
Nous avons essayé de faire le plus d’effets possibles en stop-motion, comme les larmes, les reflets de l’eau, la lumière etc… On a testé de nombreuses techniques mais je voulais que ce soit toujours dans l’esprit de la stop-motion pour ne pas avoir un grand décalage entre l’image animée et les effets spéciaux sur ordinateur.
– Vous avez le même monteur depuis Edward Scissorhands, est-ce que vous avez gardé les mêmes relations entre vous? Est-ce que vous êtes impliqué dans le montage de vos films?
Contrairement aux films en prises de vues réelles, la stop-motion est un procédé très long, il faut des années pour réaliser un film d’animation. J’ai donc le temps de modifier quelques plans, ralentir ou accélérer une scène etc…
– Dans The Nightmare Before Christmas, Jack a un chien très fidèle (Zéro), dans Corpse Bride, Victor a Scraps et dans Frankenweenie, Victor a Sparky. Est-ce que vous détestez les chats?
J’adore Mr Whiskers bien sûr [rires] ! Mais oui je pense que je suis plus proche des chiens que des chats mais j’aime tous les animaux. Ceci dit, les chats me font assez peur en général. J’ai eu 2 ou 3 chiens dans ma vie et tout se base sur cette relation d’amitié pure et inconditionnelle.
– Il faut combien de temps pour faire un film d’animation?
Beaucoup de temps ! Je vous donne un exemple : nous avons commencé le film à l’Est de Londres et quand nous l’avons terminé, il y avait un stade Olympique construit juste à côté de nous. Donc oui, il faut quelques années pour réaliser un film en stop-motion.
– Vous aviez déjà parlé d’un éventuel second recueil de poèmes comme La Triste Fin de l’Enfant Huître, est-ce que c’est toujours d’actualité? (question posée par Tim-Burton.net)
Oui c’est marrant parce que j’ai toujours une pile de dessins que je fais régulièrement et une fois qu’il y en aura assez, j’en ferai un nouveau recueil. Ce n’est pas quelque chose que je fais régulièrement mais de temps en temps oui. Je ne les ai pas regardés depuis quelques temps mais j’adorerais en sortir un nouveau, plus tôt que tard d’ailleurs.
– Vous aimez donc travailler avec les mots aussi, quelle est la différence pour vous de travailler de cette manière-là?
Ce sont des vers assez simples. Mon recueil est pour des gens qui n’arrivent pas à se concentrer très longtemps sur un texte [rires]. J’adore Edward Gorey et Dr. Seuss qui travaillent sur la rythmique des mots. Essayer d’être aussi simple avec des mots m’aide de façon thérapeutique.
– Il y a des mots qui aident.
C’est plus qu’un film oui, ce sont des pensées intimes.
À ce moment de la Master-Class, un spectateur demande à Tim Burton si il peut signer son livre : Tim Burton entretiens avec Mark Salisbury pour son anniversaire.
– Dans Big Fish on assiste à l’enterrement d’un personnage nommé Edward, que l’on retrouve souvent dans vos films sauf depuis Big Fish. Le père de Victor dans Frankenweenie se nomme Edward, il travaille dans une agence de voyage et parle de compromis. Quelle est la part autobiographique de ce personnage?
Oui mon père était un ancien sportif qui a travaillé dans un agence de voyage. Je n’étais pas un très grand sportif moi-même mais j’ai pratiqué quelques sports tout de même. Comme je l’ai déjà dit, tout vient de mes souvenirs d’enfance.
– À quel moment vous pensez être de votre carrière? Quel film vous auriez voulu réaliser? Quel est votre film le plus abouti?
Il faut demander à une autre personne que moi car j’ai passé trop de temps sur ces films. Il y a des films plus personnels que d’autres même si j’essaye de les personnaliser tous, comme Edward Scissorhands, The Nightmare Before Christmas, Ed Wood ou Frankenweenie… Mais tous mes films ont quelque chose de spécial, Pee-Wee’s Big Adventure était mon tout premier, Beetlejuice était mon film le plus spontané, Batman était mon premier gros film, Edward Scissorhands était mon premier film vraiment personnel etc… J’essaye de ne pas trop penser au futur car chaque film se fait selon mon ressenti du moment. Il faut vraiment que je ressente une grosse envie pour faire un film.
– Mais évaluer votre travail avec une certaine distance, est-ce que c’est quelque chose qui vous préoccupe?
J’ai du mal à revoir mes films, c’est quelque chose de douloureux et je me sens vulnérable. J’aime réaliser, j’apporte beaucoup de moi-même dans chacun de mes films, c’est pour cela que je me sens exposé et mal à l’aise de les revoir une fois sortis. Je ne m’installe pas le soir dans mon salon devant mes anciens films [rires].
– Est-ce qu’avec du recul, vous pouvez dire qu’un film vous a surpris par son résultat final?
Il y a deux finalités à ça, les critiques d’un film et ses recettes au box-office. Je suis toujours surpris quand un film qui a reçu de très bonnes critiques n’a pas fait un carton au box-office et vice versa. C’est une dynamique très bizarre et impossible à prévoir donc oui, je suis surpris à chaque fois. Même quelques jours après la sortie d’un film, je ne sais pas si il va marcher ou non, c’est un mystère pour moi.
– Vous faites parti de ces quelques réalisateurs dont les premiers films ont été vus par une génération d’enfants qui aujourd’hui, amènent leurs propres enfants voir vos dernières créations. Quels genres de films vous montrez à vos propres enfants?
Je suis assez fier car ma fille de 3 ans adore War Of The Gargantuas ! Avec toutes ces nouvelles technologies, je suis très content que mon fils aime les films de Ray Harryhausen. Ca me fait toujours du bien de voir des personnes attachées à ce genre de films que j’adore et que certains enfants sont toujours sensibles à ce genre d’Art très particulier et tellement attachant.
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Compte-rendu et photo par Loïc