Cela commence à être un motif régulier. Dès qu’un nouveau film de Tim Burton sort, une attente quasi égale accompagne la sortie de sa bande originale, bien évidemment composée par son double musical à l’écran, Danny Elfman. Et si Frankenweenie, dernier-né de l’univers de Burton (ressuscité, de bien des façons pourrait-on dire) sonne comme un vibrant et sincère hommage du réalisateur à tout ce qu’il a toujours le plus profondément aimé depuis son enfance, son score, toujours signé par son talentueux compositeur rouquin, respire aussi le retour en arrière et l’hommage appuyé, moins à ses sources d’inspirations qu’à ses plus grandes heures de composition.
À l’instar de Burton, les bandes originales les plus marquantes de Danny Elfman resteront pour beaucoup ses premières œuvres, plus sincères et originales. Edward Scissorhands, Batman et surtout Nightmare Before Christmas font toujours figure d’autorité. Les dernières œuvres plus expérimentales et composites d’Elfman (la Planète des Singes, Big Fish ou encore le récent Dark Shadows) semblaient s’auto influencer depuis sa participation au Spider Man, de Sam Raimi, partition sensible et épique qui semblait, malgré tout, avoir figé la musique de son compositeur sur son piédestal.
Avec Frankenweenie version 2012 (Elfman n’avait pas participé au court original), Elfman retourne à ses premières amours, de façon accentuée et assez volontaire, afin de donner la couleur (si l’on puis dire, pour un film en noir & blanc) adéquat pour ce film hommage à tout un pan de la culture de son ami et réalisateur, allant jusqu’à changer le logo Disney et son château magique en tableau monochrome pluvieux et orageux, accompagné d’orgues macabres et de theremine.Un excellent point de départ pour le film et sa B.O, qui reprend cette idée de génie en introduction de sa galette.
Si le film est dépourvu de générique digne de ce nom, Burton et Elfman optent pour un procédé plus simple, dans la droite lignée de Corpse Bride, où les personnages évoluent sous nos yeux avec un très beau “Main Titles” en fond sonore, tout en sensibilité, illustrant la mélodie principale de la relation de Victor et de son chien Sparky, véritable anti-héros du film, qui surgira à plusieurs reprises tout le long de la galette (“Dad Talks”, entre autres) . On retrouve beaucoup de Corpse Bride ici aussi, de même qu’un aspect candide et bonhomme bienvenu que l’on entendra avec joie au sein de pistes illustratives de la banlieue de New Holland (cadre où se déroule le film) telle “Game of Death” et “Mr Burgermeister/ Noses Meet”.
On notera d’ailleurs que Danny Elfman instille les notes de theremine (instrument qui souligne les thèmes de l’étrange dans le cinéma de fantastique/science fiction classique)si proche de Mars Attacks, lors des scènes de résurrection du chien, la prémonition de Weird Girl…Et du match de base-ball, ce qui rappelle à quel point cet univers de sport scolaire est si peu familier à Victor, comme elle l’était à Burton lui-même.
Si les premières pistes de cette bande originale sont d’une grande légèreté et poésie à l’instar d’Edward Scissorhands, il n’en est pas de même pour la suite qui dès la piste “The Funeral” plonge dans la tristesse et un aspect plus sombre (“Re-Animation”, seconde piste la plus longue du cd) les épreuves et le chantage rencontrés par les deux héros du film s’en ressentant forcément (“The Bride/ Edgar Knows”, “Invisible Fish / Search for Sparky”). On retrouve les cuivres lourds et évocateurs que l’on entends dans Beetlejuice lors des plans en banlieue ou dans Sleepy Hollow, lors de l’exploration des bois du Ponant.
Les pistes “Getting Ready” et “Making Monsters” (piste la plus longue, presque sept minutes) sont intimement liées, entre enchevêtrement de cordes et d’orgues dramatiques, cœur épique de la BO, encore une fois bercé par Sleepy Hollow et Corpse Bride.
Les six dernières pistes qui mènent au climax de film entretiennent cette noirceur assumée et épique, assez présente chez Elfman depuis Alice au Pays des Merveilles, jusqu’à un dénouement tout en simplicité et beauté, au titre évocateur qu’est “Happy Ending”.
On notera malgré tout l’absence de la chanson chantée par Winona Ryder dans le film (“New Holland’), de même que la chanson qui clôt le flm, interprétée par Karen O (il faudra, pour cette dernière, se rabattre sur le cd Frankenweenie Unleashed , plus commercial et dispensable, rassemblant des chansons inspirées du film).
À l’instar de Burton avec Frankenweenie, Danny Elfman, sans nous surprendre plus que cela avec une bande originale restant très convenue pour son propre style, parvient à nous émouvoir en revenant à des principes simples et des thèmes travaillés qui entretiennent à merveille l’émotion véhiculée par ce très beau film, à qui, sans qu’on ne s’en rendre parfois bien compte, la musique de Danny Elfman apporte presque 50% de son impact.
Liste des pistes :
1. Frankenweenie Disney Logo
2. Main Titles
3. Mr. Burgermeister/Noses Meet
4. Game of Death
5. The Funeral
6. Electricity
7. Re-Animation
8. Sparky s Day Out
9. Dad s Talk
10. The Bride/Edgar Knows
11. Invisible Fish/Search for Sparky
12. A Premonition
13. The Speech
14. Mom s Discovery/Farewell
15. Getting Ready
16. Making Monsters
17. Pool Monsters Attack
18. Mad Monster Party
19. Final Confrontation
20. Happy Ending
21. Alternate Main Titles (Bonus Track)
22. Over the Fence (Bonus Track)