Planète perdue


Projet intriguant dans le parcours de Tim Burton (plutôt habitué aux loosers attachants qu’aux personnages de sauveurs de l’humanité), l’adaptation cinématographique de La Planète des Singes provoque une déception à la mesure des espoirs qu’on plaçait dans le père de quelques-uns des plus beaux freaks des ces dernières années : Edward aux mains d’argent, le Joker, Catwoman, jusqu’aux monstres du cinéma d’Ed Wood, et les Martiens de Mars Attacks.

Rappelons, pour ceux qui ne la connaîtraient pas, l’intrigue : dans le futur, un scientifique, à la suite d’une erreur de manipulation, part à la recherche du singe avec lequel il travaillait. Pris dans une tempête stellaire, il atterrit sur une planète mystérieuse où des singes évolués et parlant la langue humaine, règnent en maîtres et réduisent les humains à l’esclavage. Pris pour une sorte de messie, il va devoir mener la bataille pour la liberté des hommes.

Mis entre les mains d’un habile artisan du fantastique, un tel postulat pouvait laisser espérer quelques surprises. Mais, pareil à Lynch s’égarant dans les déserts sablés de Dune, Burton s’est visiblement laissé dépasser par l’ampleur du projet. Gros budget, gros casting, gros effets spéciaux : rien n’a été oublié pour tenter de recréer la magie un peu kitsch et la violence de la série d’origine. Malheureusement, le résultat obtenu tient plutôt du mélange indigeste de La Guerre des étoiles, 2001, et MadMax !

Avec des personnages (hommes et singes) aussi lisses que les actions sont prévisibles, et une mise en scène pompière et déjà vue, le film s’enlise très vite dans une succession de scènes attendues, qui ne provoquent ni émotion ni surprise (la découverte finale atteignant même un sommet de kitsch post 2001 !). On en arriverait presque à se demander ce qui, dans la série d’origine, a pu passionner toute une génération, tant l’intrigue et ses portées philosophico-écolo-mystiques paraissent ici artificielles et vaines.

Il semblerait que Burton, loin de son univers sombre, magique, urbain, gothique et fondamentalement critique, perde tous ses moyens de créateur de figures et d’ambiances. En effet, rien n’est vraiment crédible dans sa Planète : ni les décors, trop lisses, ni les personnages, trop stéréotypés, trop laids, trop prévisibles pour créer une quelconque tension. Le seul personnage réussi du film étant logiquement le chef guerrier des singes (Tim Roth, irreconnaissable, pour changer), dont la haine et la cruauté envers les hommes s’accompagnent d’un amour transi pour une guenon, qui se révèle une ” humaniste “. Dans ce personnage seulement transparaissent les quelques lueurs de cauchemar et de souffrance qui manquent tant au film.

Aussi plat qu’une image de synthèse, La Planète des Singes échoue donc sur tous les plans : ni un bon film de Tim Burton, ni un bon film de SF, tout juste un film pop corn pour l’été, qui ravira les fans d’histoires où l’homme est laché dans une nature hostile ( et qui ne s’ennuient pas avec Jurassik Park 3 et Koh Lanta).