Mister Jack II


Sortie des Noces funèbres, le nouveau Tim Burton. Au moment où il produisait L’Etrange Noël de Mister Jack (1993), un de “ses” précédents films d’animation, le cinéaste acquérait ses lettres de noblesse. Quelques années après avoir tourné La Planète des Singes (2001), on se demande s’il les a conservées…


Victor Van Dort doit se marier avec Victoria Everglot mais le destin en décide autrement. Par un coup du sort, le promis devient lié à une superbe femme réellement cadavérique. Les deux jeunes amoureux devront ainsi lutter contre les éléments pour s’épouser. Prenez une colline, des squelettes sympathiques, un chien de compagnie et une musique de Danny Elfman, mélangez le tout et vous aurez un film de Tim Burton. Aujourd’hui, Les Noces Funèbres. Si, au début de sa carrière, l’imaginaire du réalisateur fascinait par son inventivité, maintenant, alors qu’on a vu nombre de ses films parsemés des mêmes figures récurrentes, il séduit nettement moins. Le metteur en scène se transforme en faiseur. Se produit alors une sorte de hiatus entre ce qu’il utilise et notre manière de le recevoir. Il aimerait nous surprendre, on aimerait être étonnés, mais on ne l’est pas.

Spectateurs éternellement exigeants, on n’apprécie plus de la même manière tout ce qui a précédemment marché. Les images qu’on retrouve de film en film appartiennent à un symbolisme burtonien trop marqué pour ne pas relever de la pure recette mécaniquement appliquée. On a déjà vu, dans les films antérieurs, les mêmes thèmes traités de la même manière, le même renversement des valeurs : le beau est dans le délabré, le merveilleux dans le fané, les cadavres sont plus animés que les vivants et sous terre on s’éclate plus que sur… (soit L’Etrange Noël de Mister Jack, bis). Comme dans les contes, il y a des méchants et des gentils et l’amour tendance « romantique » est contrarié mais vaincra. Une fois encore, c’est le côté sombre et mortuaire qui est le plus ouvert au monde, compréhensif envers son prochain et sympathique. Les morts font avancer l’histoire. La jeune défunte se sacrifie pour que son prince charmant de chair et d’os trouve le bonheur, si bien que Victor et Victoria (une référence fort peu claire au film de Blake Edwards ?) se marient.

On ne serait pas aussi déçu d’un film Disney qui recyclerait ses réussites. Le problème ici est de considérer le metteur en scène comme un artiste alors que les éléments de sa recette sont éminemment visibles : les morts-vivants et les suicidés, tout ce qui est ailleurs source d’horreur, revêt ici un aspect positif. Burton grand prêtre “gothique” manie la religion du noir et du désespoir pour en faire le socle de son merveilleux. Pour ce, il se sert d’un fantastique où trônent la dentelle et les yeux cernés de noir, éléments d’un marketing qui ne dit jamais son nom – mais que confirme cette sortie en France deux semaines avant le désormais très institutionnalisé Halloween. Dès lors, Les Noces Funèbres devient comparable à un gâteau au yaourt : pas mauvais mais un peu banal. Il est vrai qu’on en attendait peut-être trop et qu’après tout, un gâteau au yaourt est rarement un gâteau franchement raté !