Marion Cotillard à l’affiche des prochains films de Tim Burton et de Jean-Pierre Jeunet.
BRUXELLES Son nom ne brille pas encore de mille feux en haut des affiches. Elle n’émarge pas non plus à la génération jeunes comédiennes dont le minois ou le physique crèvent l’écran dès le premier coup d’oeil. A bientôt 28 ans, Marion Cotillard fait pourtant partie des valeurs sûres du cinéma français. Au point d’attirer l’attention d’un des plus grands cinéastes… américains, Tim Burton. Qui l’a choisie pour donner la réplique à Ewan McGregor, Jessica Lange, Albert Finney, Helena Bonham Carter, Steve Buscemi et Danny DeVito. Rien que ça… «J’ai cru que je rêvais quand on m’a proposé ce rôle, explique-t-elle, incroyablement souriante. Mais en même temps, j’avoue que je ressentais une grosse appréhension. Les témoignages des acteurs français qui ont tourné là-bas étaient plutôt refroidissants. Sami Bouajila (The Siege avec Denzel Washington) ou Emmanuelle Béart (Mission: impossible avec Tom Cruise) ont vécu des moments parfois difficiles à cause du côté grosse machine américaine. J’ai sans doute eu plus de veine qu’eux. The Big Fish n’est pas une superproduction, mais une rencontre avec un de mes réalisateurs préférés, un cinéaste dont l’univers si particulier se reconnaît tout de suite. Il laisse une empreinte tellement forte qu’on a l’impression de tourner un film d’auteur!»
Un metteur en scène qui semble d’ailleurs l’avoir plus impressionné que ses partenaires. A l’exception d’un des moins connus d’entre eux, Billy Crudup. «Je suis arrivée une semaine avant le début du tournage. Il a tout de suite apaisé mes craintes: c’est quelqu’un qui a besoin de raconter une histoire très personnelle, qui ramène tout à des dimensions humaines et dépense une énergie incroyable pour faire partager son enthousiasme. C’est impossible de résumer son histoire, tant il y met de choses. On ne peut que se sentir à l’aise avec lui. Je parle bien anglais, mais je n’ai pas dû faire d’effort particulier pour l’accent, puisque j’incarne une Française. Après Guillaume Canet (son partenaire dans Jeux d’enfants, dont la sortie est prévue le 24 septembre), j’espérais jouer avec Ewan McGregor. Mais nous n’avions aucune scène en commun. Cela dit, j’ai tourné avec Billy Crudup. Une bombe atomique, lui aussi (rire).»
Un bonheur ne venant jamais seul, l’héroïne des trois Taxi va enchaîner avec Un long dimanche de fiançailles, la nouvelle et très attendue folie de Jean-Pierre Jeunet, regroupant Audrey Tautou, Jodie Foster, Gaspard Ulliel, Dominique Pinon, Ticky Holgado, André Dussolier, Albert Duponter, Denis Lavant, Jean-Pierre Darroussin, Jean-Claude Dreyfuss, Rufus, Julie Depardieu, Muriel et Tchéky Karyo! «Ce métier me rend très heureuse pour l’instant, c’est vrai, lâche-t-elle toujours d’aussi bonne humeur. Le tournage débute fin août, mais moi, je ne me rends sur le plateau qu’en novembre. C’est l’adaptation du dernier roman de Sébastien Japrisot: l’histoire d’une jeune femme qui cherche à retrouver son amour, disparu de manière étrange. Cela se déroule durant la première guerre mondiale. Moi, j’incarne Tina Lombardi, une femme en colère.»
Un rôle de composition, assurément. «Je cherche toujours des personnages les plus éloignés possibles de moi. Parce qu’ils obligent à aller chercher les émotions au plus profond de soi-même. Quand j’ai commencé ce métier, je n’étais pas prête. Je ne me sentais pas à ma place dans ce milieu. Je n’ai pas connu une ascension fulgurante comme Marie Gillain ou Audrey Tautou. Un jour, je me suis demandé pourquoi tout allait si lentement. Je me suis rendu compte que la peur me mettait des barrières. J’ai dû la vaincre, prendre plus confiance en moi. Cela doit se voir puisque je reçois beaucoup plus de scénarios. J’ai beaucoup de chance en ce moment, mais j’ai énormément travaillé, notamment sur moi-même, pour l’avoir. Je pense donc que je la mérite.»