Mark Wahlberg a dans son physique un “je ne sais quoi” de l’acteur américain type.
Tim Roth, son rival animal dans “La planète des singes”, le compare à Cary Grant, ce qui fait sourire le jeune acteur et lui fait dire: Tenter de l’imiter, c’est se tuer. Disons que j’essaye, parfois, de choper le romantisme drôle que Grant savait mettre dans des films comme “Elle et lui”.
Tim Burton parle de lui en faisant référence à Steve McQueen et à sa faculté d’être un bloc au milieu du tumulte. Wahlberg a la côte et le vent en poupe.
Remarqué dans “Boogie nights”, complice de George Clooney dans “A perfect storm” et “Les trois rois”, il reprend avec fierté et aplomb le rôle-titre de “La planète des singes” que tenait jadis Charlton Heston.
Condition de départ: pas d’imitation. Heston jouait réalistiquement son personnage. Avec Tim, on s’est mis d’accord pour que j’interprète comme si j’étais plongé dans un mauvais cauchemar tout en restant cool -le “cool” est un peu la marque de fabrique des comédiens de ma génération; voyez mon pote George Clooney! , dit-il. Heston était fantastique dans “La planète des singes”. Mais le jeu dramatique a évolué depuis. L’eau a coulé sous les ponts! On permet à l’acteur d’avoir l’air de rêver, d’être “ailleurs” pour que, lorsqu’il doit dynamiser l’action, ce soit encore plus fort. J’aime changer le rythme d’une interprétation, lui donner un air d’impro de jazz. Charlton Heston est une légende dans le monde du cinéma… Et un sage. Il sait que le jeu des acteurs s’est transformé et n’appartient plus au sien. Dans 30 ans, un jeune dira d’ailleurs la même chose de moi. Bref, je crois qu’il respectait ce que je faisais devant la caméra. Mais rien que de serrer la main de Charlton Heston me fascinait! Tenir dans ses doigts ceux de Ben-Hur et de Moïse, waouh!
Wahlberg vient de terminer le rôle d’un rock’n roller avec les cheveux longs. Il sera bientôt à l’affiche de “The truth about Charlie”, de Jonathan Demme. Nous, on va le découvrir au milieu des singes, craquant pour une jolie guenon. Sous le maquillage de la guenon, il y avait quand même la grâce et la beauté de l’actrice Helena Bonam-Carter. Ça aide! Quand Tim m’a parlé de cette scène d’attraction sensuelle entre mon personnage et la singe, j’ai été surpris et un peu angoissé. J’ai réussi à jouer cette scène grâce à l’énergie qu’Helena avait apporté à son personnage simiesque.
Je savais que Tim me donnerait l’occasion de déployer ce que j’avais en moi pour ne pas être perdu dans une forêt de poils de chimpanzés. Un acteur doit accepter ce genre de défi. Se mettre en danger. Sinon, on patine sur place. Moi, je ne suis pas du genre à exiger que la caméra ne s’occupe que de moi. Le cinéma est un “art d’ensemble”. Et puis, changer de genre me fait “grandir” dans la connaissance de mon métier. J’ai envie de surprendre et je vous surprendrai encore.