Regarder un film sur internet, est-ce possible ?
Il faut reconnaître que cela reste encore très difficile (lenteur du téléchargement, écran trop petit, “bugs” dans l’animation…). Si le cinéma a donc encore de beaux jours devant lui (dans les salles ou à la télévision), l’Internet n’est pas pour autant un désert pour l’animation. Ce nouvel univers a été forcé de développer des techniques adaptées à ses propres exigences.
La société Shockwave a ainsi inventé un procédé d’animation spécialement dévoué au web, le système “Flash”.
Celui-ci offre des possibilitées infinies pour la création de petits modules animés.
Afin de promouvoir son outil, la marque a opté pour une publication active et intelligente. Sur le site de la marque, il est possible de télécharger gratuitement le lecteur Shockwave.
Grâce à celui-ci, on a accès à une série de services interactifs, pour le moins originaux. Outre des jeux vidéos en tout genres (sports, espace…), des clips musicaux (notamment “I wanna a fat Babe”, une parodie déjantée des Backstreet Boys), il est possible – et recommandé – d’aller faire un tour du côté de l’animation proprement dite.
Cette section propose de suivre les aventures sonores et colorées de divers héros par le billet de courts feuilletons. On y retrouve “The Critic” (un critique cinéma virtuel plus vrai que nature), “Joe Cartoon” (une sorte de chaîne offrant le choix entre des dizaines de courts dessins animés), mais aussi des scènes inédites de “South Park” (juste pour le plaisir d’entendre Cartman huler “Respect my authority!”) mais surtout les aventures de “Stainboy”.
Cette dernnière série présente les aventures d’un super héros en marge, comme tous les personnages de son créateur, Tim Burton (l’auteur de “Beeltejuice”, de “Batman”, de “Batman Returns”, mais aussi d’”Ed Wood”, de “Mars Attacks” ou de “Sleepy Hollow”).
Le petit garçon ne possède aucun super-pouvoir. Il ne peut pas voler, il n’a pas de voiture aux ressources étonnantes; il laisse simplement une tache sale partout où il passe (“stain” signifie tache en anglais).
Stainboy est un personnage en parfaite adéquation avec la vision décalée de Tim Burton. Réalisateur adulé par la critique et bien souvent par le public, Burton a développé au cours de sa carrière un univers personnel qu’il a enrichi de film en film.
Il y a un petit temps déjà qu’il n’avait plus fait parler de lui (le projet d’un remake de “Superman” semblant définitivement abandonné, il préparereait pour le moment le remake de “La planète des singes”).
Avec les aventures de Stainboy sur le site de Shockwave, il offre ainsi à ses fans l’opportunité de retrouver son univers si particulier. On retrouve dans les courts métrages réalisés spécialement pour le site Internet épuré qu’apprécie le réalisateur, celui de l’”Étrange Noël de M. Jack” mais plus encore de “La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires”, un recueil de contes illustrés de la main de son auteur.
Ce sont les studios Finch qui ont pris en main l’animation proprement dite, partant d’esquisses à la peinture à l’eau de Tim Burton. Le travail a consisté à éviter la pixellisation pour retrouver une structure en à-plats se rapprochant le plus possible des dessins originaux, rendant le plus fidèlement possible la texture obtenue grâce à la peinture à l’eau.
Si l’animation est simplissime, elle est par là fluide et d’aussi bonne qualité qu’à la télévision – c’est si rare sur le Web -, offrant ainsi au spectateur le plaisir immédiat de se plonger dans le monde burtonnien, sans les insupportables coupures, sautes d’images…
Tous les ingrédients habituels sont présents : l’humour noir, le culte de la différence, l’ambiance macabre…, mais aussi l’équipe qui travaille régulièrement avec le cinéaste américain (on y retrouve avec plaisir la musique de Danny Elfman ou la voix sensuelle (?) de Lisa Marie, compagne et actrice régulière de Tim Burton).
À côté de ces courts métrages d’environ trois minutes chacun (six épisodes ont déjà été réalisés), d’autres possibilités sont offertes aux visiteurs du site.
On joue ainsi à créer son propre robot, à l’animer et à l’imprimer. On peut également échanger des cartes des personnages, envoyer par e-mail des cartes postales ou des cartes de voeux animées à ses amis… Quand l’internet permet des choses aussi abouties, on a envie de croire en ses possibilités et en son avenir.