Un Burton décrasse-neurones


Les Martiens – des squelettes vissés sur un plat de nouilles – délèguent à la Maison-Blanche un ambassadeur sanglé dans une cape Gaultier, qui jacte des «Ack ack ack» en dessinant le signe du beignet. «Nous venons en paix», décode un mixeur rouillé camouflé en traducteur. Une seconde après, la terre est un ossuaire, le Congrès un crématorium, Godzilla ressuscite et Las Vegas flambe. Mars Attacks !, la dernière folie de Tim Burton, est un décrasse-neurones.


Décliné d’une série de bubble-gum trading cards parues durant la guerre froide – cartes illustrées du type panini vendues avec un chewing-gum – Mars Attacks !, ovni hilarant, inventif et turbulent, sillonne le territoire du kitsch, du punk et du pop art. Le design tend vers le rétro moderne, les couleurs sont clinquantes, les terriens des loosers, et les martiens, des ados anars qui décapitent le pouvoir politique, les médias, le dollar, la famille, le new age, etc.

Enfances
Les films de Tim Burton (Edward aux mains d’argent, Batman 1 et 2, L’Etrange Noël de Monsieur Jack, Ed Wood) forment la chambre d’écho de son enfance. Ses personnages – des solitaires, des innocents, des handicapés – affrontent une Amérique sombre, terrifiante de normalité apparente. Mars Attacks !, parodie non préméditée d’Independence Day, en dresse donc la satire subversive et stylisée, hantée par la science-fiction des années 50 et habitée par une distribution relevée (Jack Nicholson, Glenn Close, Annette Bening, Danny De Vito).

Dans Mars Attacks ! – ou l’autre face de l’Amérique – les extra-terrestres, gremlins sous ecstasy, dévorent Playboy, flashent sur les Rolex, vomissent la musique country et se défoncent avec des pipes à uranium. Face à eux, les humains restent des martiens comme les autres.